« 3 000 psychologues » ont adressé fin octobre la même lettre ouverte à des députés ainsi que des sénateurs, annonçant qu’ils boycotteront le dispositif en l’état. Elle a ensuite été envoyée à la presse. « On cherche à se faire entendre. C’est un cri d’alarme. »
Le problème de l’accès
Comme son auteur, Albert Ciccone, la psychologue clinicienne juge que la profession n’a pas été écoutée. Tous deux dénoncent la « subordination du travail du psychologue à un avis médical », puisque le patient devra avoir été adressé par un médecin.
« Les psychologues ne sont pas des paramédicaux et n’ont pas à travailler sur prescription », tance Albert Ciccone, psychologue clinicien ; le procédé « freine la consultation psychologique. »
« C’est anti-déontologique et anti-éthique, complète Camille Mohoric-Faedi, il n’y a plus l’accès direct garanti. Imaginez un patient qui souhaite consulter pour des soucis familiaux et qui va voir son médecin de famille. Au niveau de la confidentialité, ça pose question. »
Le tarif de la consultation
Albert Ciccone, également professeur à l’université Lumière Lyon 2, pointe la « sous-tarification scandaleuse » (40 puis 30 € pour les séances de suivi) ou encore le nombre de séances. « On a fait le calcul : huit séances cela revient à cinq heures par an. On n’est pas des magiciens. Ça va à l’encontre de la logique qui permet aux gens de consulter, d’aller mieux et d’être soigné tranquillement. »
Résultat, pour Camille Mohoric-Faedi : « les patients qui vont chercher à voir un psychologue conventionné n’en trouveront pas. » À part, peut-être, imagine-t-elle, ceux qui ont du mal à avoir des patients, des jeunes sortis de formation ou encore ceux qui ne sont pas bien informés. Mais qui dit petit tarif, dit réduction du temps de consultation ou précarisation des professionnels, explique-t-elle. « Cela mettra en place un système de soin à deux vitesses, avec ceux qui auront des conditions low cost», analyse Albert Ciccone.
Des solutions ?
« C’est de la poudre aux yeux pour la campagne électorale présidentielle qui s’annonce, conclut Camille Mohoric-Faedi, ces mesures sont maltraitantes pour les patients et les professionnels. » Contacté, le ministère des Solidarités et de la Santé n’a pas encore répondu à nos sollicitations.
Les deux psychologues cliniciens souhaitent proposer des solutions alternatives, où l’on pourrait se faire rembourser, comme chez le médecin, chez son psychologue pouvant pratiquer des tarifs ordinaires. En attendant, ils entendent continuer d’appeler au boycott et à se mobiliser.