Vers une définition du haut potentiel
« Il apparait d’abord essentiel de distinguer la manière dont l’intelligence est considérée. Elle peut être globale ou multiple. Elle peut prendre en compte différentes formes d’intelligences : intellectuelle, créative, adaptative, corporelle… Chaque modèle théorique va orienter la conception du haut potentiel selon différents axes : le considère-t-on comme inné ou acquis, ou encore est-il unidimensionnel ou multidimensionnel ? Il faut souligner que tous les modèles incluent la présence de capacités intellectuelles nettement supérieures à la moyenne de la population. Il peut être intéressant de repérer une ou plusieurs zones de haute potentialité, ce qui est utile dans le cas de profils intellectuels hétérogènes, fréquents chez les personnes ayant un QI élevé.
Chez les enfants, on repère des différences dans la précocité d’apparition de certaines acquisitions. Une étude montre que les enfants à haut potentiel commencent à marcher de manière autonome vers 12 mois, avec deux mois d’avance en moyenne. Ils ont tendance à commencer à manger seuls à la cuillère vers 1 an alors que les autres enfants le font vers 18 mois… Une avance notable du langage, au niveau des premiers mots, des premières phrases, mais aussi de l’apprentissage de la lecture peut également être observée plus fréquemment.
Si l’on s’intéresse à la façon dont les personnes à haut potentiel gèrent leurs émotions au quotidien, des recherches récentes ne relèvent pas de différence notable avec le reste de la population. Une analyse plus ciblée montrerait que dans certains cas les personnes à haut potentiel pourraient, par exemple, rencontrer des difficultés à comprendre leurs propres émotions parce qu’elles auraient tendance à privilégier une analyse cognitive de la situation.
A contre-courant des stéréotypes
La liste est longue des représentations véhiculées dans les médias et sur internet : en échec scolaire, inadaptés, hypersensibles, anxieux, dépressifs, dyslexiques… Mais la plupart de ces allégations sont sans fondements. La formation de ces croyances peuvent être en partie expliquées par divers mécanismes. Les anecdotes nous convainquent souvent mieux que les statistiques, l’information issue de sa propre expérience est privilégiée, le témoignage a un effet persuasif important, l’information concernant la majorité du groupe a tendance a être négligée au profit des caractères distinctifs du cas considéré.
Il importe donc de se référer aux résultats issus de la recherche afin d’éviter d’enfermer les personnes dans des représentations erronées et de pouvoir les accueillir dans toute leur singularité, en faisant preuve de nuance : hypersensible ou pas, en réussite ou pas, en souffrance ou pas. »
CUCHE, C. (2023, avril – juin). Haut potentiel intellectuel : entre mythes et réalités. Science & Pseudo-Sciences, 2023(344), pp. 9-13.